Plus blanc que blanc

25 février 2023

Post LinkedIn 25/02/2023 – Anne de la Roussière

Symbole de pureté, d’innocence et de manifestation du divin, la couleur blanche nous éblouit. Opposée aux ténèbres maléfiques, sa puissante luminosité nous oblige à l’humilité en baissant le regard. Elle n’est autre que Dieu, ce qui nous transcende et nous dépasse. C’est en tout cas l’impression que veulent donner les artistes lorsqu’il s’agit de rendre gloire au Tout-Puissant dans leurs tableaux religieux : on ne peut le regarder en face !

Par association du droit divin, les monarques adoptent également le blanc par touche :

  • La fleur de lys
  • Les étendards
  • Le cheval d’Henry IV

Elle souligne les autres couleurs comme le rouge et le bleu, pour mieux les mettre en valeur.

Au XIXe siècle, les Impressionnistes s’en saisissent et lui donnent de la profondeur, comme dans « La dame à l’éventail » de Manet ou « L’effet de neige à Giverny » de Monet.

Mais c’est en 1918 que s’opère une nouvelle révolution dans le monde de l’art, Kasimir Malevitch nous offre sa célèbre toile « Carré blanc sur fond blanc », son « grand manifeste abstrait ». À travers cette œuvre, il avait l’intention de montrer qu’un simple carré blanc pouvait exprimer autant que les formes figuratives plus complexes et les couleurs vives.

C’est le point de départ d’une influence indéniable sur le travail de beaucoup d’autres artistes depuis.

Et si Malevitch a mis l’accent sur la provocation visuelle, Wassily Kandinsky s’est intéressé aux significations plus profondes de la couleur blanche. Après avoir étudié dans le cadre de l’académie allemande de Munich, Kandinsky s’est installé à Paris en 1912 et a commencé à peindre des paysages abstraits dont le blanc était la couleur dominante.

Selon Kandinsky, la couleur blanche symbolisait l’esprit, la pureté et la spiritualité. Dans sa propre œuvre, il a cherché à traduire le spirituel en un langage plastique. Son objectif était de donner un sens à ce qui ne pouvait pas être exprimé verbalement.

Pour Kandinsky, la couleur blanche offrait également une liberté créative sans limites. Il a su exploiter ce potentiel et a produit des toiles d’une grande subtilité. Le blanc est devenu un outil central de son expression artistique.

Avec Piero Manzoni, le blanc devient matière et Piet Mondrian lui donne le 1er rôle en concordance avec ses lignes rouge, noire, jaune et bleue.

Mais que le blanc se fasse pureté, innocence, joie, provocation ou scandale, la seule question qui demeure n’est-elle pas celle de Shakespeare ? « Quand fond la neige, où va le blanc ? »